La littérature italienne du XIXe siècle, la milanaise en particulier, a été marquée par ces deux grandes figures, l’une individuelle, l’autre collective : Alessandro Manzoni et la Scapigliatura. Le premier a donné à l’Italie le genre littéraire de la modernité, le roman, l’autre, constituée par un petit groupe de romanciers et de poètes révoltés, a été le premier mouvement italien d’avant-garde, presque un demi-siècle avant le Futurisme de Marinetti. Les Scapigliati voyaient en Manzoni l’incarnation de l’establishment religieux et littéraire, du conformisme idéologique qu’ils voulaient détruire, mais en réalité Manzoni, au nom d’un catholicisme renouvelé, était aussi un pourfendeur de classes dominantes corrompues qui n’avaient de chrétien que le nom.
Dans les deux interventions de cette journée, portant sur des réalités historiques éloignées dans le temps mais sur des écrivains presque contemporains, c’est donc toujours le rapport entre éthique, littérature et pouvoir qui sera interrogé.