Le temps qu’il fait : Histoire et Géographie du climat
L’optimum climatique romain (OCR) a-t-il permis aux Romains de bâtir un empire avant que sa dégradation à partir du IIIe s. n’en sonne le glas ? Longtemps le climat fut réservé aux sciences de la Vie et de la Terre et apparut comme la toile de fond, très estompée, devant laquelle se déroulait l’histoire des hommes. Avec les progrès accomplis par les paléo-botanistes, zoologues, anthropologues pour ne citer qu’eux, le climat a pris place dans les paramètres importants d’une étude des sociétés, aussi bien par les géographes, les sociologues que les historiens. Cependant le climat, ses variations et leurs conséquences, ne sont jamais un élément de causalité simple : ni l’hiver ni l’OCR ne sont la cause unique, ou secrète, de la débâcle de Russie ou de la chute de l’empire romain, mais ils ont joué un rôle qu’il faut mesurer et peser. La préoccupation climatique n’est pas seulement celle de notre époque ; avec des formats et des urgences différents elle parcourt les siècles.
C’est pourquoi le thème retenu cette année pour les Rencontres historiennes est celui du climat : comment le climat est-il étudié, plus particulièrement, par les sciences humaines, en l’occurrence l’archéologie, l’histoire, la géographie humaine et par les lettres. Quatre séances sont prévues qui suivront et combineront deux approches :
- comment les sciences humaines utilisent-elles des données issues d’autres disciplines (climatologie, écologie, vulcanologie…) et comment créent-elles leurs propres données (par l’archéométrie, par un nouveau questionnement des archives et des textes littéraires).
- Le climat pour les sciences humaines et la littérature est-il un objet en soi ou est-ce davantage l’étude de l’impact des changements environnementaux sur les sociétés, la conscience qu’elles en ont eu et les réponses données au fil du temps par les sociétés humaines.
Cette année les rencontres historiennes s’ouvrent à un public plus vaste en proposant un « café historique » où sont conviés les étudiants de classes préparatoires et d’université mais aussi un auditoire curieux. Les intervenants sont archéologues, géographes, historiens, littéraires et croisent divers horizons académiques et ils sont là pour répondre à toutes les questions…dans la mesure du possible.
Programme des séances
25 janvier 2023 (18h30 à 20h30)
1re séance : « Comment le climat est-il devenu un objet d’histoire ? »
Intervenants :
J.-P. Jospin (conservateur en Chef au Musée Dauphinois) : Il n’y a plus de saisons ! », petite histoire du climat de la protohistoire au Moyen Âge
Gautier Juret-Rafin (doctorant Luhcie) : Le climat : un tueur en série ? Ce que l’histoire du climat dit de nous
29 mars 2023 (18h30 à 20h30)
2e séance : « La météorologie des Romains, culture, idées et pandémie »
L’hiver, la maladie et l’effet du froid sur les boutons des uniformes ont-ils eu raison de la Grande Armée en 1812 ? L’optimum climatique romain (OCR) a-t’il permis aux Romains de bâtir un empire avant que sa dégradation à partir du IIIe s. n’en sonne le glas ? Longtemps le climat apparut comme la toile de fond, très estompée, devant laquelle se déroulait l’histoire des hommes. Avec les progrès accomplis par les paléo-botanistes, zoologues, anthropologues, le climat a pris place dans les paramètres importants d’une étude des sociétés, Bien sûr, ni l’hiver ni l’OCR ne sont la cause unique, ou secrète, de la débâcle de Russie ou de la chute de l’empire romain, mais ils ont joué un rôle qu’il faut mesurer et peser. La préoccupation climatique n’est pas seulement celle de notre époque ; avec des formats et des urgences différents elle parcourt les siècles.
Ce sera le thème, cette année, des Rencontres historiennes : comment le climat est-il étudié, plus particulièrement, par les sciences humaines, en l’occurrence l’archéologie, l’histoire, la géographie humaine et par les lettres.
La séance d’aujourd’hui abordera deux sujets : d’abord, l’appréhension que les Romains avaient de leur rapport avec le climat grâce à un texte poétique qui devint immédiatement un classique, les Géorgiques de Virgile ensuite, nous verrons grâce à une présentation du travail de synthèse de K. Harper sur les problèmes historiques engendrés par la première « Grande Peste », celle de Justinien, intimement liée à l’évolution climatique des IIIe-VIIe s. et à la disparition de l’OCR.
Intervenants :
Katia Antoine (APHG-Champollion) : « Le soleil, qui oserait le traiter d’imposteur ? » Cultus et climat dans Les Géorgiques de Virgile
Clément Chillet (UGA, LUHCIE) : Climat et pandémie : la peste de Justinien, d’après le livre de K. Harper
3 mai 2023 (18h30 à 20h30)
3e séance : « La conscience des dérèglements : les hypothèses »
La séance d’aujourd’hui sera consacrée aux hypothèses suscitées par la prise de conscience d’un changement climatique, qu’il soit dommageable ou non. En plus de l’adaptation nécessaire des sociétés, il s’ensuit une recherche des causes. Cette quête d’un sens eut des conséquences politiques et sociales parfois tragiques dans le monde romain des IIIe et IVe s. C’est ce que l’historien Philippe Tarel, partant d’une réflexion de Saint Augustin, « Il ne pleut plus ? Les chrétiens en sont la cause !» développe et élargit à de plus vastes perspectives. Cette recherche, parfois frénétique, d’une raison dans le climat est le corollaire d’une inquiétude pour l’avenir : jusqu’où faut-il pousser les conséquences du changement perçu ? « Quel temps fera – t- il ? » C’est ce que nous propose d’envisager le géographe Pascal Baud en nous faisant passer d’un passé, pas si simple à un futur proche…et non moins compliqué.
Intervenants :
Pascal Baud (APHG-Champollion) : Quel temps fera-t-il ?
Philippe Tarrel (APHG-Champollion) : Il ne pleut plus ? Les chrétiens en sont la cause !» À la recherche des explications des changements climatiques dans l’Antiquité
16 mai 2023 (18h30 à 20h30)
4e séance : « Au dessous des volcans : les épisodes de forçage volcanique dans l’histoire du climat »
La conférence abordera la question des forçages volcaniques, des perturbations atmosphériques de courte durée consécutives aux plus puissantes éruptions volcaniques souvent caractérisées par un refroidissement marqué (« année sans été »). De l’éruption de l’Okmok, à la mort de César à celle du Tambora, à la naissance de Frankenstein, on présentera les mécanismes du forçage, la mise en évidence de ces épisodes et l’établissement de leur chronologie précise par l’analyse des carottes glaciaires et la manière dont la discipline historique a pu se saisir de l’objet en considérant les enjeux de méthode qui se sont posées au fil de leurs études.
Conférencier :
Benoît Rossignol (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne / Laboratoire Anhima)