Célèbres pour avoir déçu Jean-Jacques Rousseau, qui les qualifia de « laiderons » tout en se délectant de leur chant, les musiciennes des ospedali méritent une place à part dans l’histoire culturelle et musicale de Venise. Au début du XVIe siècle, les institutions charitables vénitiennes ne faisaient pas figure d’exception dans l’Europe de la Réforme catholique : toutes les grandes villes se dotaient alors d’hôpitaux, d’orphelinats et d’établissements destinés à secourir les enfants trouvés. Pourtant, seuls les ospedali de Venise ont vu se développer en leur sein de prestigieuses écoles de musique, qui ont formé des musiciennes suffisamment exceptionnelles pour attirer, au XVIIIe siècle, les amateurs de toute l’Europe.
Quelles sont les raisons qui expliquent cette spécificité vénitienne ? Pourquoi avoir choisi de réserver l’apprentissage de la musique aux seules filles ? Qui étaient ces musiciennes ? Quels témoignages en ont donné les voyageurs qui traversaient l’Europe pour venir les entendre ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage souhaite répondre, en adoptant une vision kaléidoscopique de ce phénomène exceptionnel.
À la lisière de l’histoire sociale, de la musicologie, de l’histoire culturelle et des études de genre, cet ouvrage explore les sources d’un modèle vénitien voué à un brillant avenir, puisque les actuels conservatoires en sont les héritiers directs.
Prix des Muses de la Fondation Singer-Polignac
Texte remanié de thèse d’Histoire, Grenoble, 2010
Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome 363
Roma: École française de Rome, 2015, 1082 p.
Année : 2015