etudes_du_crif_56

Des usages destructeurs de la musique dans le système concentrationnaire nazi

É. Petit

Au sein de la machine de mort, la musique a joué un rôle à part entière, découlant certes d’une volonté politique, mais à considérer avant tout comme émanation mortifère d’une véritable « dictature chantante ».

Le système concentrationnaire représente l’aboutissement ultime des politiques raciales visant la construction d’un peuple « aryen » caractérisé par la « pureté » de son sang, et du combat mené contre tous les opposants au fonctionnement de la machine totalitaire, qu’ils soient intellectuels, politiques ou religieux. En édifiant les camps et en leur assignant implicitement la fonction de « réceptacles de l’impureté », le régime hitlérien s’est simultanément attaché à désagréger moralement, physiquement et psychologiquement la collectivité forcée que formaient ses victimes, ce « non peuple » concentrationnaire, pendant extrême de la Volksgemeinschaft. Au sein de la machine de mort, la musique a joué un rôle à part entière, découlant certes d’une volonté politique, mais à considérer avant tout comme émanation mortifère d’une véritable « dictature chantante ». Si elle a parfois contribué à mettre en échec certains aspects du système et a permis, même furtivement, la constitution de communautés dans une humanité retrouvée, la musique a largement été mise à contribution de l’entreprise meurtrière nazie, devant un élément traumatique durable pour nombre de survivants.

Lire l’article

Année : 2019

Editions : Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF)