Fastueusement représentés par le cardinal de Bernis, ambassadeur auprès des papes Clément XIV et Pie VI, les Français qui résidèrent à Rome entre 1769 et 1791 prirent une part active à la vie politique, religieuse, économique, artistique et savante d’une capitale échappant largement à la vision déliquescente que l’on a longtemps donnée d’elle. Dans une Rome en mouvement où s’éteignent les jésuites, où renaissent les passions pour l’antique et où circulent plus nombreux que jamais des voyageurs venus de toute l’Europe, des espaces culturels s’affirment et dessinent une géographie française particulièrement dynamique à l’intérieur de la ville comme à travers ses prolongements italiens et transalpins. Le palais de l’ambassadeur, celui de l’Académie de France, le couvent de la Trinité-des-Monts ou la librairie Bouchard & Gravier s’imposent ainsi à Rome, dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, comme des relais incontournables d’un échange culturel européen.
En favorisant la circulation entre les acteurs et les champs du savoir, ce carrefour romain contribua à accélérer le passage entre les formes anciennes de l’érudition et les sciences de l’homme encore en devenir. Il ouvrit en effet la voie à des recherches nouvelles sur le Moyen Âge, sur l’Orient, et sur une Antiquité repensée en profondeur sous le prisme de la science, de l’universel et du bien public. Entrecroisant sources diplomatiques, manuscrits inédits de savants voyageurs et archives des institutions culturelles romaines, la présente enquête restitue donc les multiples traces d’une rencontre improbable et pourtant avérée : celle de la Rome pontificale et de la culture des Lumières.
Rome, EFR, 2011, 624 p.
Année : 2011