Les poèmes chevaleresques et héroïques qui voient le jour en Italie entre le XVe siècle et la fin du XVIe sont un terrain fertile pour la représentation d’émotions et de passions différentes et souvent contradictoires. En effet, les émotions sont au cœur même de ces récits qui parlent de guerre et d’amour. La focalisation sur la notion d’émotion correspond à la volonté d’utiliser un terme couvrant un spectre conceptuel large qui inclut la passion en tant qu’émotion plus intense et durable. Quand on évoque le roman chevaleresque et le poème héroïque de la Renaissance viennent aussitôt à l’esprit le Roland furieux et la Jérusalem délivrée, les deux chefs-d’œuvre de l’Arioste et du Tasse.
Mais ces œuvres ne sont que la partie émergée d’un riche patrimoine littéraire que les contributeurs de ce numéro des Cahiers d’Études Italiennes remettent en lumière en l’analysant à travers la grille des émotions. Ainsi, le lecteur trouvera-t-il ici des études sur la passion amoureuse qui change de valeur et de signification selon le genre des personnages qui l’éprouvent, ou encore sur la passion amicale, fondement d’une société aristocratique moderne, voire sur le renoncement à l’amour par fidélité aux valeurs suprêmes d’un idéal de caste. L’orgueil, la colère, la jalousie, la peur ou la cruauté sont également analysés dans des articles qui offrent un vaste panorama de la littérature romanesque de la Renaissance en remettant à leur juste place des auteurs moins connus que l’Arioste et le Tasse mais fondateurs pour la culture italienne, tels Andrea da Barberino, Luigi Pulci, Boiardo, Cieco da Ferrara et Vittoria Colonna, poétesse passionnée de romans de chevalerie.
Année : 2025
Editions : UGA Éditions