Ce numéro des Cahiers d’études italiennes accueille des réflexions autour de la représentation du « corps envahi » dans la littérature italienne des XIXe et XXe siècles. Les contributions passent en revue les différentes formes que cette « invasion » peut revêtir : de la dégénérescence psychologique décrite par Igino U. Tarchetti dans son roman Una nobile follia, à l’amputation physique des soldats de la Seconde Guerre mondiale ; depuis les expérimentations dont rend compte la littérature d’anticipation, pleine du désir ardent que la science parvienne à maîtriser le corps, jusqu’aux vers du poète‑ouvrier Ferruccio Brugnaro et d’Elsa Morante. Ces derniers, quoique appartenant à deux univers très différents, décrivent par le biais de la poésie une violence pareillement envahissante : d’un côté, celle du travail à l’usine et, de l’autre, les effets psychédéliques et de décorporation qu’implique l’évasion dans les drogues, ce qui permet de s’interroger sur la dichotomie corps/esprit, fortement ancrée dans la culture occidentale. Ce numéro contient également une lecture de l’œuvre de l’écrivain italo-argentin Juan R. Wilcock sous le prisme du concept de « somatisation », ainsi qu’une étude sur la représentation du « viol », avec une attention particulière portée au roman Monte Ignoso de Paola Masino. Enfin, la dernière section réunit quelques poèmes de deux écrivaines italiennes, Roberta Durante et Isabella Tomassi, en lien avec la thématique qui nous sert de fil conducteur.
Année : 2024
Editions : UGA Éditions