Des milliers d’attentats armés, mélange dramatique d’assauts sur les institutions étatiques et de règlements de comptes dans le rue ; des dizaines de personnes assassinées, souvent des militants très jeunes, mais aussi de gens au hasard, se trouvant malheureusement au mauvais endroit au mauvais moment ; le massacre de son escorte et le kidnapping en plein jour de l’homme politique le plus important du pays, Aldo Moro, finalement exécuté par ses geôliers « brigadistes » après 55 jours de captivité.
La superposition de cette offensive subversive avec des épisodes de terrorisme international, de gangstérisme, d’abus des forces de l’ordre, de scandales de corruption, dans une énorme période de crise de la vie démocratique italienne. Dans l’après-68, Rome a été l’incubateur et l’épicentre d’une expérience de violence politique parmi les plus longues et atroces de l’Europe occidentale. Par une approche interdisciplinaire, cette étude reconstruit la relation entre le territoire urbain et la mise en oeuvre d’une contestation armée, à caractère meurtrier, dans le cadre de la « guerre froide » et de la modernisation nationale, brutale et déséquilibrée, activée par le boom économique (1958-1963).
Un travail très vaste et articulé – sans précédent dans la littérature historiographique, grâce notamment à des documents inédits et à l’élaboration d’infographies urbaines – qui a fait ressortir les particularités de la violence politique pratiquée à Rome, tout en attribuant la juste proportion au « poids » de la Capitale d’Italie dans le déploiement à l’échelle nationale de la « stratégie de la tension » (1969-1974) et des « années de plomb » (1975-1982).
Lauréat du prix de thèse Varenne – édition 2019
Année : 2019
Editions : Fondation Varenne