Cette dernière table ronde entend revenir sur le refus et la régulation des images, un thème qui a pris, ces derniers mois, une ampleur toute singulière.
En février 2015, l’attaque contre le musée de Mossoul et contre plusieurs œuvres issues du patrimoine irakien provoquèrent la stupeur et l’incrédulité dans la presse et sur les réseaux sociaux. Ces destructions, qui font écho à celles des Bouddhas de Bâmiyân en 2001, témoignaient de la reviviscence d’un iconoclasme aux enjeux et aux contextes nouveaux. Les destructions, elles-mêmes soigneusement mises en image et en scène, ne posaient pas seulement la question de la licéité des représentations, mais désignaient sans fard le refus absolu des images – y compris celles dont les usages cultuels avaient disparu depuis des siècles- comme un signe de ralliement à une interprétation radicale d’un type d’islam. L’indignation qu’elle suscita sembla cependant oblitérer le fait que ces questions s’adossaient à une très longue histoire de la méfiance et de la relégation des images. C’est cette histoire que la troisième rencontre du projet Image et Droit souhaite évoquer, celle d’une intense défiance que les images peuvent susciter, de l’abondante réflexion sur leur licéité, leur rejet et leur limitation.