La seconde patrie. Vivre et penser ailleurs
Né en cette année 2016 de la fusion du CRHIPA (Centre de Recherches en Histoire et histoire de l’art, Italie, Pays Alpins, interactions internationales) et du GERCI (Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Civilisation Italienne), le LUHCIE (Laboratoire Universitaire d’Histoire, Cultures, Italie, Europe) organisera en octobre 2016 son premier colloque international. Cette rencontre scientifique se proposera d’étudier la seconde patrie, une figure qui se trouve au cœur de l’identité du nouveau laboratoire.
Le premier objectif du colloque sera de rendre compte de la multiplicité des expériences de la seconde patrie. Celles-ci peuvent résulter d’un authentique déplacement dans l’espace, qu’il s’agisse d’une entreprise coloniale (celle que Jules Verne évoquait dans Seconde Patrie, par exemple) ou de la recherche d’un refuge, dont l’histoire fournit maints exemples depuis la plus haute Antiquité. Mais elles peuvent aussi correspondre à la quête intellectuelle et morale de ce que les romantiques appelaient une « patrie de l’âme ». Les différentes acceptions de la seconde patrie, leur traduction dans l’histoire selon les lieux et les époques, leurs expressions littéraires et artistiques seront l’objet du colloque.
On privilégiera la dimension heuristique de cet ensemble d’expériences. De l’exil au déracinement, de nombreuses métaphores ont certes traduit la souffrance de l’arrachement au sol natal. Mais la figure de la seconde patrie prouve aussi que cette souffrance peut être créatrice, qu’elle autorise un pas de côté invitant à regarder et à comprendre autrement des identités souvent vécues sur le mode de l’assignation. Le passage d’une langue à l’autre, en particulier, implique des formulations différentes qui sont aussi, pour une part, des pensées et des émotions nouvelles. La seconde patrie est de ce point de vue le moyen d’une réinvention de soi et des autres. Elle fournit une entrée originale pour essayer de penser cette forme de dépaysement intellectuel producteur de savoir, que Siegfried Kracauer nommait « l’estrangement » et que Montaigne célébrait déjà en invitant à « penser ailleurs ».
Les points de vue privilégiés seront ceux du LUHCIE, c’est-à-dire l’histoire, l’histoire de l’art, la littérature et la musicologie. Il en ira de même des espaces de références, qui concerneront d’abord l’Europe et, en son sein, plus particulièrement la France, l’Italie et les Alpes. Mais le colloque serait infidèle à son propre thème – et le LUHCIE à ses valeurs – s’il se refusait à opérer tout détour par d’autres disciplines et par d’autres lieux.