Journées d'étude : L’Afrique du voyage, en amont de l’exploration et du partage colonial (XVe siècle – début XIXe siècles)

Maison de la Création et de l'Innovation (MACI), Amphithéâtre, Domaine Universitaire, Du 25/09/2025 au 26/09/2025

25 septembre 2025 (14h-18h)

26 septembre 2025 (9h-13h)

Dans un mémoire publié en 1795, le Français Jérôme de Lalande affirmait au sujet de l’intérieur de l’Afrique qu’il n’est « pas de sujet plus digne de la curiosité des savants ». Cette préoccupation, qui s’inscrit dans le sillage de l’Association for Promoting the Discovery of the Interior Parts of Africa créée en 1787 en Angleterre, révèle que la connaissance de l’Afrique dans l’Europe moderne ne peut être réduite aux questions de la traite et de l’esclavage. Bien en amont de la célèbre venue de René Caillié à Tombouctou en 1828, de nombreux voyageurs européens aux statuts divers se sont attachés à documenter et faire connaître des portions significatives du territoire africain, des Portugais Francisco Álvares et Duarte Lopez aux Écossais James Bruce et Mungo Park, en passant par le Français Michel Adanson. Réciproquement, certaines sociétés africaines se sont intéressées de près à l’Europe au tournant du Moyen Âge et de l’époque moderne, au premier rang desquelles l’Éthiopie, antique chrétienté de la Corne de l’Afrique, et le Kongo, puissance d’Afrique centrale, christianisée dans le sillage des premières explorations portugaises de la fin du XVe siècle. Ces deux royaumes chrétiens nouent de nombreuses relations diplomatiques et culturelles avec l’Europe et y envoient des pèlerins, des étudiants ou des ambassadeurs participant ainsi à la transformation de l’image et des connaissances relatives à leurs pays. Ainsi la venue de trois Éthiopiens en quête de reliques pour le souverain Dāwit, accueillis en 1404 à Rome par le cardinal Antonio Caetani, peut-elle être envisagée comme point de départ de ces voyages vers l’Europe accomplis depuis l’Afrique.

La journée d’étude grenobloise propose d’établir un premier état des lieux de la connaissance sélective de l’Afrique par l’Europe et de l’Europe par l’Afrique au prisme du voyage en dépassant le paradigme colonial.  Elle s’inscrit d’une part dans le cadre de l’ANR Ethiokongrome lancé en 2023, qui constitue la première enquête globale consacrée aux relations entre les royaumes d’Éthiopie et de Kongo et la ville Rome au cours des XVe et XVIe siècles. Elle poursuit d’autre part un cycle de journées d’étude commencées en 2023 autour de la pratique du voyage entre l’Europe et les diverses parties du monde, associant le laboratoire Pléiade (Sorbonne Paris Nord) et deux laboratoires du pôle grenoblois (LUHCIE et ILCEA4).

Organisation : Olivia Adankpo-Labadie, Gilles Montègre

Plaque figurative dite « au Portugais » Culture Edo, Royaume de Bénin, Nigéria XVIIe siècle,  alliage cuivreux 53,7 x 37 x 2,2 cm, 12 kg © Musée du Quai Branly
Plaque figurative dite « au Portugais » Culture Edo, Royaume de Bénin, Nigéria XVIIe siècle, alliage cuivreux 53,7 x 37 x 2,2 cm, 12 kg © Musée du Quai Branly