Co-tutelle avec l’université « Université de Gênes » (ITALIE)
Entre dissidence et révolution : Brescia de la République vénitienne à la République italienne (1791-1802)
10h
Lieu : 6 Rue Balbi, 16126 Gênes (Italie)
Salle : Aula Magna
Résumé de la thèse :
Au cours de dernières décennies, les historiens qui se sont intéressés à la période révolutionnaire dans la péninsule italienne ont souvent concentré leur attention sur des expériences spécifiques (“perspective municipaliste”). En suivant en partie cette tendance, la recherche vise à valoriser le contexte de Brescia – la ville et son territoire – pendant les dernières années de la domination vénitienne et en concomitance avec l’époque révolutionnaire. Cependant, il ne s’agit pas d’une étude limitée aux frontières de Brescia. Au contraire, une partie importante du travail de recherche portera sur la reconstruction des ramifications conspiratives qui unissaient les révolutionnaires de Brescia à ceux d’autres villes de la Péninsule. De même, les relations avec l’Armée d’Italie seront étudiées. Le travail se fonde donc sur deux grands sujets : la dissidence et la révolution, considérées comme deux moments distincts du point de vue temporel, mais indissolubles du point de vue des théorisations et des propos politiques des révolutionnaires de Brescia. La conspiration qui a conduit à la chute du pouvoir de la République vénitienne et la dynamique de la République de Brescia (1797) seront analysées. En outre, la signification des termes « démocratie » et « révolution » appliqués à la petite République sera remise en question, offrant les caractéristiques et une nouvelle interprétation de cette expérience politique. Le monde de l’associationnisme politique et la question du consensus et de la propagande seront également explorés. Une partie importante de l’ouvrage est consacrée à la période où Brescia a été unie à la République cisalpine, en comprenant les conséquences et en s’interrogeant sur le sens réel de la « modernité politique ». Un autre objectif de la recherche sera de s’éloigner de la centralité de l’an 1797 et de l’expérience de la République de Brescia, bien qu’elle soit importante. En effet, les études publiées jusqu’à présent ont porté presque exclusivement sur les mois de la petite République, en négligeant presque entièrement la période cisalpine. L’expérience de la République de Brescia, autonome et indépendante, influe peut-être de manière non indifférente sur les actions des révolutionnaires après 1798, au point qu’on pourrait se demander si ces mêmes révolutionnaires désiraient entreprendre le parcours de l’unification ou s’ils voulaient seulement mettre fin à la domination de la Sérénissime. Il est nécessaire de réévaluer et reconstruire les années où la ville de Brescia est unie à la République cisalpine et de comprendre de quelle façon se comportent les révolutionnaires face au choix de Bonaparte et la France. Par conséquent, il faut redécouvrir les années de 1798 à 1802 (avec une attention particulière à la période d’exil), qui ont été oubliées par ceux qui se sont occupé de Brescia. En effet, c’est au cours de cette période que les révolutionnaires et la population de Brescia sont obligés d’affronter l’instabilité politique, l’ingérence de la France et la guerre. A côté de l’analyse des aspects de la vie sociale, culturelle, religieuse et militaire qui concernent plus spécifiquement le front révolutionnaire, il ne faut pas oublier la contre-révolution et les résistances urbaines à la propagation des idéaux révolutionnaires. Il y a bien des foyers contre-révolutionnaires à Brescia et dans son territoire, surtout dans les vallées et aussi à l’intérieur de la ville. Il s’agira d’offrir une vue d’ensemble de la vie politique et socio-culturelle de Brescia – de façon organique et sans coupures, en dépassant ainsi la vision fragmentaire des études publiées jusqu’à présent – puisqu’on est convaincu que cette ville représente, dans certaines de ces spécificités, un exemple d’importance fondamentale dans les dynamiques politiques qui se créent à la fin du XVIIIe siècle au sein de groupes animés par les idées de démocratie et de révolution.